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 L'attrapeuse attrapée.

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AuteurMessage
Danton
Daimyo
Danton


Nombre de messages : 234
Date d'inscription : 20/11/2007

L'attrapeuse attrapée. Empty
MessageSujet: L'attrapeuse attrapée.   L'attrapeuse attrapée. EmptySam 6 Sep - 0:20

A quelques lieues du Kyuden, la petite ferme isolée jouissait d'un calme habituel. Une route, plutôt un chemin de terre battue, la longeait, quasiment jamais emprunté. Le champ qui la bordait ne réclamait qu'à être moissonné, ce à quoi s'employait Innih depuis l'aube.

Les heimins se lèvent avec les premiers rayons qu'Amaterasu dépose sur la terre qui leur est octroyée, et la petite famille n'y faisait pas exception. Pourtant, aujourd'hui, une chose bien improbable allait se produire : une délégation revenant des terres Torayamas passerait devant la ferme. Coïncidence ?

Dès qu'elle les aperçus, Innih interrompit son travail pour s'incliner profondément devant l'indifférence la plus totale. A sa droite était sa fille, à peine sortie du corps principal de la ferme où elle aidait à la préparation du repas. Le regard pétillant de la jeune-fille était braqué sur le petit attroupement qui avançait sur la route. Elle n'avait jamais vu de gens ainsi affublés : ils portaient tous de magnifiques kimonos, et la plupart avait également un katana au côté. Deux d'entre eux revêtaient une mince armure qui, elle en était certaine, ne laisserait passer aucun mauvais coup. La grâce était perceptible dans leurs mouvements, et leurs visages étaient resplendissants.

Elle les suivit du regard avec émerveillement, sans remarquer les gestes pressants d'Innih. Un sourire aux lèvres, elle ouvrit la bouche au moment même où l'une des deux femmes du groupe s'arrêta pour se tourner devant elle dans un mouvement de soie.


- Qui es-tu ?

Elle était incapable de répondre. Sa bouche entrouverte et ses yeux écarquillés, elle fixait la femme au regard pénétrant sans pouvoir prononcer une parole.
S'inclinant un peu plus, Innih répondit.


- Pardonnez la, Kitsune-sama, elle ne tient pas en place et ne souhaitait pas vous offencer.
- Non ? Hmm, peut être bien. Es-tu sa mère ?
- Je l'élève du mieux que je le peux, Kitsune-sama.
- Es-tu sa mère ?
- Elle est comme ma propre fille, Kitsune-sama.

Elle dégageait une odeur de jasmin envoutant et ses yeux semblaient lire en elle aussi surement qu'elle lirait un parchemin. Par un effort de volonté, la jeune-fille referma la bouche pour se concentrer sur la question de la Fusui. Elle en avait posées beaucoup, à propos de ses parents et d'autres choses dont elle ne se souvenait pas.

- Où est-ce ?
- Pas très loin, tu pourrais nous y accompagner. Tu y recevrais une instruction qui pourrait te rendre utile. Et des vêtements plus décents.
- Et Innih ?
- Lorsque tu seras prête, tu pourras éventuellement revenir prendre des nouvelles.
- D'accord !
- Bien. Va dire au revoir à tout le monde, et rejoins nous. Et Naoko-chan ? Dépêches toi.

Parfois il lui semblait encore se souvenir des sanglots d'Innih. Cette femme qui l'avait élevée douze années durant comme sa propre fille. Cette femme qu'elle avait quittée pour rejoindre Kyuden Kitsune avec la délégation. Jamais elle ne lui avait donné de nouvelles. Jamais elle n'en avait prises. En quatorze années, pas une fois elle ne s'était souciée de son sort. Pour toute la tendresse qu'elle avait reçue, elle ne renvoyait qu'un silence méprisant. Car par sa faute elle manquait cruellement de l'éducation nécessaire au passage du Gemppuku.

Au lieu de cela, elle avait étudié sans relâche. Elle s'était isolée des autres étudiants. Sa peau avait finit par perdre sa couleur halée qui marquait un peu plus sa différence avec les autres, mais elle avait un don qui la mettait à part, la rejetait : le Grand Art. Elle avait appris quelles étaient ses origines, comment sa mère s'était donnée la mort à sa naissance, comment elle avait été confiée à Innih.

Elle avait appris aussi ce qu'était le pouvoir, et comment l'obtenir : en se sacrifiant, ou en sacrifiant les autres. Depuis dix années, elle mettait cela en pratique, directement, ou indirectement. Ceux qui ne lui étaient pas supérieurs, elle s'en faisait des alliés. Ou elle précipitait leur chute. Ainsi ne pleura t'elle jamais la mort de Kitsune Kanna, qui aurait constitué un fâcheux obstacle. Kitsune Katsumi avait chuté, entraînée par sa soif d'un savoir interdit, jusqu'à en mourir. Personne ne l'y avait poussée ? Elle ne regrettait que Renzaburö. La vie est parfois bien éphémère.

Elle avait su glaner de nombreuses connaissances dans les Arts Magiques. Et au sein de son clan, elle avait su se faire une place : Première Fusui. Rien, en somme, si ce n'est qu'elle avait la confiance de son Daimyo. C'était son plus gros atout, celui qui lui avait déjà permis bien des choses, et étrangement, elle lui en était reconnaissante. Parfois, en sa présence, elle avait envie de tout lui expliquer. Mais tantôt une irruption impromptue, tantôt un sujet plus urgent, elle n'y parvenait jamais vraiment, ou alors à mot trop couverts pour être compréhensibles.

Elle avait aussi des projets, de grands projets, pour l'Empire, pour son Clan, mais surtout pour elle. Et alors que tout semblait sous contrôle, les évènements inattendus s'enchaînèrent avec une rapidité stupéfiante :

D'abord, ce fut le mariage d'Eo avec Fusanori. Naoko n'en mesura pas tout de suite toutes les conséquences. Jusqu'à ce qu'il fut question de fusionner les clans. Alors, elle vit tout ce qu'elle avait bâti s'effondrer, balayé par une puissante tornade : l'Ours Impérial, suivi de tous ses officiers qu'elle ne connaissaient que trop peu.

Puis, le ravage de Kyuden Kitsune. Elle avait survécu à la bataille grâce à Eo, pour voir une seconde fois ses espoirs s'écrouler. Comment demander un Shiro alors qu'il y avait un Kyuden entier à reconstruire ?

Et enfin, la mort de Nihon. L'abattement allait l'emporter sur le Mont Solitaire, et alors elle comprit. Elle comprit tout, et sourit. Elle aurait voulu rire, pleurer de joie, mais son sourire était déjà trop déplacé au milieu de tous ces samouraïs en deuils. Elle se sentait le coeur léger, et ne souhaitait qu'une chose, retourner auprès de son Daimyo.

De nouveau, son esprit recommença à faire des plans, bâtir des projets, reconstruire son petit monde parfait dans lequel elle aurait la place qu'elle méritait, celle pour laquelle elle avait dû lutter bec et ongles depuis ses douze ans, parce qu'un trop plein de vanité et d'honneur avait eu raison de sa mère.

Mais avant toute chose, elle devait agir au sujet de cette fusion, avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'on ne lui ordonne de se lier avec un samouraï de la lignée Kuma. Avant que Kitsune n'existe plus que dans les textes et les mémoires. Alors elle se mit à l'œuvre, d'abord subtilement, exploitant une promesse faite sur un champ de bataille. Elle redoubla d'efforts de présentation, allant de kimonos éclatants à des chignons compliqués. Elle se fit plus pressante, et finalement, après près d'une année de dur labeur, elle pu souffler.

Eo savait à présent, même si elle ne savait pas pourquoi. Il serait toujours temps de lui en expliquer la raison si jamais elle venait à refuser leur union. Elle ne doutait pas que Kozuke, Shûno du clan Kumatsune, de la lignée Kitsune, se plierait à la volonté de son Daimyo. Mais Naoko avait plus d'un tour dans sa manche, et elle ne s'arrêtait pas à ce genre de détail lorsque toute une destinée était en jeu. Elle espérait au moins qu'en un an, elle avait su attiser les sentiments du Shûno à son encontre, du moins suffisamment.

Machinalement, elle passa la main sur le manche de son wakizashi. Personne ne s'était demandé d'où il venait. Après tout, il était normal qu'un samouraï en porte un, à défaut d'un katana.

Elle sourit, et pourtant, une petite boule de tension dans sa gorge l'empêche de se détendre totalement. Non, à vrai dire, elle est nerveuse, et appréhende la réponse de son Daimyo. Tout au fond d'elle même, enfouie sous les replis de ses machinations, la peur est là. La peur de perdre. Un sentiment nouveau pour elle. Se serait-elle laissée prendre au jeu de la séduction ? Le Samouraï aurait-il eu raison de la coque enserrant son coeur ?


"- La clairvoyance a ses limites."

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