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 L'âme Kitsune

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AuteurMessage
Jeff
Samouraï



Nombre de messages : 112
Date d'inscription : 25/07/2007

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MessageSujet: L'âme Kitsune   L'âme Kitsune EmptyDim 31 Aoû - 20:49

Amaterasu caressait les murailles de kyuden Kitsune de couleurs dorées qui d’heure en heure tendaient vers l’orangé. Dans ce ciel carminé s’envolaient des nuées d’oiseaux apeurés qui piaillaient plus fort encore que les citadins en fuite, abandonnant biens et richesse pour sauver leur propre vie. Dans la plaine, juste au sortir des baraquements chichement dressés s’alignaient les armées kuma et seigikami menées par une poignée de samouraïs de l’empire. Face à eux, à la tête d’une armée ruminant comme un troupeau de bêtes bavant d’impatience, Tomasu l’Immonde attendait le soir pour lâcher sa horde.

C’est au pas de course que je revenais à la hâte retrouver ma place au sein de l’armée impériale, non loin de ma daimyo, Eo-sama.
« Heureuse de vous revoir, Kozuke-san. A propos, vous êtes shuno à présent. »
De grandes nouvelles prennent une toute autre forme suivant le contexte. Trois mille bakemonos nous faisaient face, deux fois notre nombre. Devenir officier à la veille d’une bataille avait quelque chose d’ironique. Mais sans doute était-ce mieux que de le devenir à titre posthume.
« C’est un grand honneur, Eo-sama. Peut-être aurais-je ainsi le privilège d’entrer dans l’histoire de notre clan comme le shuno ayant officié le moins longtemps.»

En dépit de mes malheureux efforts pour rasséréner mon courage défaillant en tentant de dérider l’atmosphère, le visage de dame Eo resta impassible, focalisée sur cet ennemi qui fonderait sur nous comme une meute affamée.
Fusanori-sama, général de l’armée impériale, donna ses ordres, promettant une mort plus douloureuse que celle qui nous attendait sûrement, au premier qui y contreviendrait. Il est des hommes dont l’ombre seule suffit à imposer le silence. Placé en premier ligne, je n’en voyais que le dos, mais ce roc inspirait une certaine confiance. Un typhon s’abattrait sur nous que lui au moins ne bougerait pas.
Les Kuma ont l’habitude des combats. Ils sont courageux car ils ont acquis la maîtrise de leur peur, et comme le katana peut trancher les chairs, le cri de guerre blesse l’armée adverse aussi sûrement qu’une volée de flèche. Le grognement puissant de trois mille bakemonos martela les cœurs sous les cuirasses comme s’il les écrasait jusqu’à l’évanouissement. Mais pareil à un écho terrifiant, les centaines et centaines de Kuma rassemblés rétorquèrent à l’unisson un « Force et Honneur » qui souffla l’optimisme de nos adversaires et renforça les moins aguerris d’entre nous.
Nous autres Kitsune sommes peu coutumiers des champs de bataille. Nos bushis sont des yojimbos zélés et attentifs, nos hitokiris manient le sabre aussi habilement qu’un Karasu, et si nos généraux sont talentueux, l’honnêteté impose de reconnaitre que la guerre n’est pas notre quotidien. Du moins jusqu’à aujourd’hui.
Mais aujourd’hui est différent ; aujourd’hui, notre clan a basculé radicalement. Sans doute n’en avons-nous pas tous pris conscience, mais nos terres ont été envahies. Nous étions au cœur de l’Empire, nous en sommes à présent à la marge. Nous étions pareils aux Karasus, loin des réalités de la Frontière, nous sommes aujourd’hui plus proches des Yachu, des Kuma et des Nezumi.

Toutefois, le passé ne peut être effacé comme les dessins sur le sable d’une rivière. Notre Histoire est gravée dans le granite de nos montagnes, des milliers d’années sont nécessaires pour en éroder les moindres aspérités.
Au moment où le cri de guerre se propagea comme un frisson dans les rangs impériaux, j’oubliais l’ennemi. Non, ce cri n’était pas mien. Ces murailles derrières nous n’étaient pas Kyuden Kuma. Et ces forêts souillées par l’avancée de l’Ombre où je jouais durant mon enfance, ce n’était pas le sanctuaire des Ours. Ici, j’étais chez moi. A quelques dizaines de lieux de là, c’est mon village natal qui brûlait, piétiné par les troupes du Yugi. J’étais et je mourrais Kitsune au milieu des Kuma. Et ça se saurait.
Mon cri se perdit au cœur de la foule comme le chant lointain de l’alouette les matins de marché. Un cri de guerre Kitsune revenu d’un lointain passé lorsque le Renard n’était encore qu’une bête sauvage tout juste illuminée par l’ordre nouveau. Depuis longtemps ce n’était plus qu’un grommellement de vieux guerriers piqués dans leur fierté. Un dicton oublié que d’aucun jugeait comme désuet. Et pourtant, il sortit ce soir-là avec un naturel insolent, comme s’il avait toujours attendu cette heure avec la rage cachée qu’ont les animaux muselés.

Les ashigarus s’élancèrent avec plus de puissance que les vagues de l’océan au cœur de la tempête. Parmi eux, un jeune Kitsune au côté de sa daimyo, un seul cri étreignant leurs gorges : « Fourrure Dorée et Crocs d’Acier ! »
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Jeff
Samouraï



Nombre de messages : 112
Date d'inscription : 25/07/2007

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MessageSujet: Re: L'âme Kitsune   L'âme Kitsune EmptyJeu 4 Sep - 21:59

Je n’avais pas six ans que mon père m’emmenait avec lui sur les routes de l’empire pour son négoce et s’il n’avait tenu qu’à lui, c’est une formation de shunin qui aurait conduit ma vie. Le destin en décida autrement. Pourtant, si brève que fut cette période, elle n’en marqua pas moins profondément ma manière de vivre.

Nous étions arrivés à kyuden Torayama le matin même et avions franchi les portes de la ville aux premières lueurs du jour. Mon père, en habitué des lieux, avançait d’un pas ferme et décidé vers les comptoirs Kitsune de la cité, tandis que je hâtais le pas pour rester à sa hauteur. Je n’en demeurai pas moins attentif aux agitations de la ville.
Comme partout, les gamins jouaient à se battre avec des bouts de bois et imitaient leurs aînés dans leurs gestes et leurs paroles. Les jeunes Torayama s’appropriaient très tôt ce regard fier et inflexible qui provoque les combats aussi sûrement l’empereur renaît à chacune de ses morts. Pourtant, je ne comprenais pas ce qu’il signifiait, et mon regard d’enfant ne voyait en eux que des prétentieux querelleurs.
Mais les enfants Torayama restent des enfants et leurs mots peuvent être aussi blessants qu’ils sont innocents. J’attendais mon père à la sortie d’une échoppe lorsqu’un gamin à peine plus âgé que moi vint me rencontrer et me lança tout de go :
« Eh le Kitsune ! Y parait que ton père, il est en train de vendre son katana. »

J’en rougis aujourd’hui et la colère me monte encore à la gorge, mais tout juste âgé de cinq ans, je ne saisissais pas l’insulte dans cette phrase. En revanche, j’avais clairement identifié le ton railleur qui résonnait dans le timbre de sa voix. Mais que répondre ?
« Même qu’il en vend mille par jour ! » lui dis-je avec fierté. Certes, j’avais un peu exagéré, mais dans mon esprit, je ne pouvais qu’inspirer l’admiration : mon père était un grand commerçant.
Cependant, mon sourire de victoire disparu rapidement lorsque je vis le jeune Torayama rire à gorge déployée. De toute évidence, nous n’avions pas les mêmes notions de la fierté. Blessé dans mon orgueil, je répondis de la seule manière qui s’offre aux idiots : je fonçais tête baissée contre le gamin, les yeux humectés de larmes, sans le panache du guerrier défendant honorablement sa fierté bafouée.

Inutile de détailler l’issue de cet affrontement. Je peux certes me défendre en arguant qu’il s’agissait d’un Torayama plus âgé, cela n’enlèverait rien au fait : je reçus une raclée. Lorsque mon père me découvrit ainsi, il me demanda des explications avant même de s’enquérir de ma santé. Pour toute réponse, je lui demandais si c’était mal de vendre des katanas. Interloqué, il me dévisagea et comme mon visage ecchymosé trahissait mon trouble, il s’assit à mes côtés et resta quelques secondes à observer la rue.
Kyuden Torayama est une cité animée. Les samouraïs circulent sans un mot mais il ne faut pas faire cent pas pour assister à une algarade.
« Regarde Kozuke, combien coûte ce bokken ?
-Peut-être 400 ryos.
-Et cette boule de riz ?
-Elle est petite. 10 ryos.
-Et la poupée de chiffon de cette jeune fille.
-Ca vaut rien.
-Et que crois-tu qu’elle te dira si tu lui demandais de te la donner ?
-Elle refusera.
-Mais si elle devait le vendre ? »
J’hésitais. Je n’avais jamais vu mon père marchander une poupée de chiffon. Comme je ne répondais pas, il continua :
« Sans doute ne la vendra-t-elle pas, sauf peut-être si elle a vraiment besoin d’argent, ou alors contre une grosse somme d’argent. Crois-tu que ce marché soit malhonnête ? Crois-tu que le prix soit exagéré ? Non. Chaque chose a un prix mais ce n’est pas le même pour chacun. Un katana, par exemple. Comme tout objet fabriqué, chacune de ses finitions s’imprègne de l’âme de l’artisan qui l’a conçu. L’artisan peut voir cette âme. En tant que marchand, je me dois de comprendre ce sentiment pour le transmettre au guerrier. Mais je ne peux pas voir cette âme.
« Le guerrier quant à lui, va insuffler son âme dans ce katana en en faisant une extension de lui-même. Ce katana ne va pas être sa possession, il sera le katana. Un bon katana est donc la fusion entre l’âme de l’artisan et l’âme du guerrier. Malheureusement, le guerrier ne connaît pas l’artisan, mais moi, je le connais. Mon travail de marchand est de faire découvrir à mon client ce qu’il a toujours cherché. Parfois sans le savoir.
« Comme pour cette poupée, le sabre du guerrier n’aura pas de prix. Après avoir fusionné, le samouraï ne peut se défaire de son katana. Mais en tant que marchand, je n’ai pas fusionné avec le katana et je peux donc objectivement lui donner un prix qui reflétera de manière médiocre mais suffisamment clair, le lègue de l’artisan. Si je vends 1000 ryos un katana, mon acheteur comprendra que l’artisan y a passé du temps. Si je le vends 3000, il comprendra que l’artisan y a mis tout son cœur. Mais ce prix n’a aucun sens en lui-même. Une fois le katana acheté par le guerrier, ce prix n’est qu’un mot que personne n’écoute. Tu comprends ? Je suis samouraïs et à ce titre, j’ai moi aussi un katana avec lequel j’ai fusionné. Ce katana n’aura jamais un prix que les autres entendront. Jamais je ne m’en séparerai.

-Père, quand tu dis que tout à un prix, c’est vraiment tout ? Si j’étais aussi riche que notre daimyo, je pourrai acheter le bois aux Renards et l’avoir rien que pour moi ?
-Tout à un prix, mais tout ne s’achète pas, même avec la fortune de Matsushiko-sama. Le bois aux Renards par exemple, le prix à payer pour le posséder à toi seul serait de devenir un tyran et de réussir à le rester. Tu y perdrais également ton honneur et ta fierté. Est-ce une bonne affaire ? Certainement pas. Quelle est la chose que tu possèdes et qui as le plus de prix ? »
A peine avait-il achevé sa phrase que je répondais aussitôt : « mon honneur ». C’est avec fierté qu’il acquiesça :
« Bien. L’honneur est une chose qui a tant de prix qu’il ne peut être vendu, mais il est aisément perdu. Et sans honneur, tu deviens le plus pauvre des hommes. Sais-tu comment éviter de perdre son honneur ? »
Je niais d’un signe de tête, un peu déçu de ne savoir répondre.
« Sers ton clan avec raison et suis ton cœur avec passion. Lorsque ton esprit se brouille, fait confiance à tes sentiments, et lorsque ta poitrine s’affole, examine les faits calmement.
-Et lorsque mon esprit se brouille et ma poitrine s’affole ?
-Alors médite. »

Quinze années ont passé et j’espère ne pas trop m’être écarté des préceptes de mon père. Du moins m’y efforce-je chaque jour.
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