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 Fuyuko, Enfant de l'Hiver...

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AuteurMessage
Murasaki
Ronin



Nombre de messages : 31
Date d'inscription : 22/04/2007

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MessageSujet: Fuyuko, Enfant de l'Hiver...   Fuyuko, Enfant de l'Hiver... EmptyVen 28 Déc - 20:38

Fuyuko, Enfant de l'Hiver,

Blanche comme la Neige,

Mortelle comme les Frimas.



C'était au temps des cerisiers, lorsque les pétales roses, secoués par le vent, se détachent et s'envolent vers les cieux.
Dans la ceriseraie, deux samouraï se livraient bataille. Le Dai-Ketto d'une lutte qui durait depuis toute une vie, et qui ne pouvait se terminer que par la mort de l'un des deux combattants.
La jeune fille assistait au combat, cachée derrière l'un des cerisiers en fleur. Son père lui avait interdit d'assister à la tragédie qui se déroulait sous ses yeux.
Qui aurait tiré un quelconque honneur devant sa propre fille, d'abattre un homme qui avait rejetté son maître pour se consacrer tout entier au code? Qui aurait tiré un quelconque honneur à abattre celui qui avait été votre père?

Fuyuko observait de ses yeux verts, terrifiée, le combat qui se déroulait entre les deux maîtres Hitokiri. Les deux hommes se faisaient face, immobiles, en silence. La tension qui régnait entre eux semblait pourtant palpable.
Il n'y avait pas la clameur de la bataille, pas de râles d'agonie, pas de bruit d'acier contre l'osier.
Simplement le gémissement du vent, et le murmurre des pétales de cerisiers.

Il n'y eut qu'un éclair, puis le frottement d'un katana dans les chairs de l'un des deux hommes.

Ce fut le père qui s'effondra, brutalement.
Le duel n'avait duré que le temps d'un battement de paupière...

Fuyuko contempla la majesté de son grand père, se tenant dans le vent avec gravité.
Celui-ci la vit, et s'approcha d'elle, lentement.
Elle lui faisait face, courageusement.

L'instant resta figé dans sa mémoire comme étant la dernière image qu'elle vit de ce monde.
Un éclair d'acier et de lumière, juste avant la douleur.


Parce qu'elle avait vu ce qu'elle ne devait voir, sous son bandeau, désormais, une fine cicatrice courait sur le visage de Fuyuko.
De son beau regard vert, il ne restait désormais que des yeux morts, et une existence toute entière dédiée au Bushi-Do.


Dernière édition par Murasaki le Sam 26 Déc - 17:21, édité 2 fois (Raison : La légende vit toujours...)
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Murasaki
Ronin



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Date d'inscription : 22/04/2007

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MessageSujet: Re: Fuyuko, Enfant de l'Hiver...   Fuyuko, Enfant de l'Hiver... EmptyDim 10 Fév - 22:56

Sage...

Sage...

Sage...

Fière.



Le tumulte était passé. L'Histoire avait suivi son cours. Fuyuko, elle, était restée la même. Fière et entraînée pour tuer et pour être tuée.
Quelque chose, toutefois, était brisé.

Occupée par un combat contre une bande de trois maraudeurs, elle n'avait su rejoindre son kyuden à temps pour combattre aux côtés des siens, et pour mourir avec eux, dans la Gloire. Dans sa fierté d'hitokiri, elle aimait à croire qu'elle aurait pu à elle seule renverser l'issue de la guerre, affrontant les hordes ennemies comme elle le voulait, seule, marchant vers son Destin.

"La Mort et la Gloire de Fuyuko, l'Hitokiri aveugle du clan Torayama".

C'était ce qu'elle aurait voulu.
Mais les criminels pullulaient dans les landes qui bordaient le Kyuden, et sans son combat, qu'elle avait remporté sans une égratignure ou presque, elle serait morte.
Au lieu de cela, elle était désormais rongée par le doute, par le rêve qu'elle s'était forgée au fil de ses longues méditations. S'épuisant au maniement du sabre selon la voie du Iaï pendant des jours, là où tous voyaient l'acharnement d'une bushiko qui refusait d'abandonner devant l'adversité, il n'y avait en fait qu'une jeune fille qui cherchait à abattre ses démons.

Les semaines passèrent. Le récit des événements lui fut raconté un millier de fois, et chaque fois qu'elle apprenait le sort de celle qu'elle avait considéré comme sa soeur, ses mains délicates se fermaient et ses poings se serraient jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus les desserrer.

Les mois passèrent. Fuyuko, qui n'osait porter désormais le mon du clan Torayama, arpentait la campagne, en se faisant passer pour une simple voyageuse. Chaque fois qu'un bandit l'attaquait, son corps était retrouvé le lendemain, la tête plantée sur l'arme dont il s'était servi.

Les années passèrent. La ronin-ko était devenue si froide qu'elle ne parlait désormais plus qu'exceptionnellement. Les assauts contre la forteresse de la sorcière ne l'intéressaient pas, mais devenue une ronin fière et arrogante, son désir de se mesurer aux spectres, seule, devenait de plus en plus grand.

Pâle comme la mort, aveugle, silencieuse, Fuyuko savait que sa "soeur" Miyoko aurait réprouvé ce qu'elle était devenue.
Mais qu'importait...

Là haut, dans les montagnes, son vieux senseï l'attendait.


Dernière édition par Murasaki le Sam 26 Déc - 17:23, édité 2 fois (Raison : Les écrits brûlents, les paroles s'évanouissent, mais la légende restera toujours vivace...)
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Murasaki
Ronin



Nombre de messages : 31
Date d'inscription : 22/04/2007

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MessageSujet: Re: Fuyuko, Enfant de l'Hiver...   Fuyuko, Enfant de l'Hiver... EmptyDim 3 Aoû - 0:01

Plutôt qu'un énième récit de tes aventures, où la réalité a trop souvent été déformée, ignorée, trahie, parfois,
Plutôt qu'un autre récit creux et sans intérêt où je peine à te faire vivre, rire, pleurer, sans finalement que ce ne soit toi,
C'est la gorge serrée et le cœur douloureux que j'écris, une dernière fois.

Non pas pour dire aux autres qui tu étais,
Mais pour te dire ce que tu représentais.
Pardonne-moi mes maladresses, mes erreurs,
Pardonne-moi cette vie ratée pleine de malheurs.

J'ai été un bien mauvais père, un bien piètre senseï,
Et pourtant, tu étais devenue une sabreuse sans pareil,
Une jeune femme attachante et sensible, qui bien qu'aveugle,
A toujours su voir au fond des âmes et n'a jamais été seule.

Plus qu'une combattante, tu étais une de ces femmes
Dont on ne saurait dire si elles sont actrices ou sincères,
Dédiée à son art, et telle un papillon auprès des flammes,
Tu te dépassait toujours, peu importaient la fatigue ou la misère.

De ces longs moments passés seuls toi et moi,
Jamais je n'oublierais l'angoisse qui était mienne,
Celle de te perdre, qu'un adversaire n'advienne,
Et ne t'arrache la vie que j'avais insufflée en toi.

Plusieurs fois, j'hésitais, l'inquiétude collée au ventre,
A te retirer de ce monde hostile qui jamais ne t'accepterais,
Et qui avait déjà pris ceux qui étaient chers à tes yeux morts.
Je voulais te donner une vie heureuse, et même te marier.

Mais que peuvent valoir mes regrets désormais?
La vérité est que c'est moi, finalement, qui t'ai abandonnée.
J'ai voulu te donner la gloire, l'espace d'un instant éphémère,
Mais qui au moins aurait pu te rendre un fugace sourire!

Et je t'ai perdue. Ton esprit, ton âme, ton sabre, même,
Je n'ai su les transmettre, et c'est dépouillée que tu gis,
Sur le sol froid et boueux d'une lointaine plaine ennemie.
L'espoir s'est éteint. Ne reste que mon cœur qui saigne.

Pardonne-moi, Fuyuko, de n'avoir pas su éviter que l'on t'oublie
Et de t'avoir abandonnée à un destin qui n'était pas le tien.

Pardonne-moi de n'avoir pas su te laisser suivre ta sœur chérie,
Et de t'avoir jetée sur les routes d'un Empire qui ne signifiait rien.

Ce n'est pas un Adieu que je t'adresse, étouffé par le chagrin,
Car je te garderais toujours en mon cœur.
Pourtant tu me manques, petite rêveuse qui devint rônin,
Et parfois je peine à retenir mes pleurs.



Or il advint qu'un jour,
La petite plume,
Fut emmenée par le vent.


Dernière édition par Murasaki le Sam 26 Déc - 17:24, édité 2 fois (Raison : Immortelle à mon coeur, tu vivras à jamais dans les mémoires...)
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