Crime et Chatiment

* Au Kyuden Karasu – Entrainement meurtrier *

Quand Soyokaze arriva dans le dojo, elle fut surprise par le nombre de jeunes qui s'y entrainaient.
Jeunes et fougueux, ils voulaient prouver leur valeur afin de pouvoir enfin partir en mission et servir au mieux le clan.
Certains devraient aller cartographier, d'autres rejoindre les autres Kyuden pour annoncer une nouvelle d'importance.

Soyokaze s'était installée de coté, attendant les ordres, et étudiant les différents samurais présents.
Certains s'entrainaient encore seuls, mais d'autres commençaient à se sentir prêts à s'affronter, se tester.
Sur ordre du Karo, Ils se regroupèrent par deux, allant prendre des bokken dans le coffre prévu à cet effet.

Kazan et Hiryuu s'entrainaient ensemble, comme toujours. Ils devaient développer de nouvelles attaques, ils se connaissaient trop et les coups classiques n'étaient plus de mise entre eux.

De meme pour d'autres anciens samurais.

Kaemon proposa à Katsuo de s'entrainer avec lui, afin de lui apprendre les ficelles du métier.

Les échanges étaient beaux à voir, certains coups faisant plus mal que d'autres, mais les samourais arrivaient à gérer les coups portés. Et pour les coups un peu plus forts, surtout pour les plus jeunes, Soyokaze en appellait à la bénédiction de son dragon, réparant ainsi les blessures causées.

Puis l'entrainement s'intensifia, chacun commençait à trouver les failles de son adversaire et à s'y engouffrer. Les coups revenaient plus souvent.
Soyokaze partageait ses soins en fonction des dégats qu'elle pouvait voir sur les différents samourais.

Un coup plus beaucoup plus fort qu'un autre, une blessure plutot grave, le signal d'urgence dans des paroles, la colère qui refait surface, la précipitation ... et c'est la colère du dragon qui répond au lieu de sa bénédiction, portant un coup fatal à un jeune guerrier prometteur du clan ... Projeté en l'air par l'impact, Yatagarasu Katsuo roule au sol, apparemment tué sur le coup.

L'urgence augmente, Soyokaze ne comprend pas ce qu'il se passe ... Elle a bien essayé d'invoquer la bénédiction du Dragon, mais c'est la colère qui est arrivée sur Katsuo .. Que s'est-il donc passé .. Immédiatement, elle re-essaye, et cette fois la bénédiction arrive bien, mais sur la mauvaise personne ...

Que lui arrivait-il donc aujourd'hui ...

Elle re-essaye une derniere fois, sur Katsuo, Le dragon arrive bien, mais cela ne semble pas suffisant .. elle est épuisée, et ne peut plus rien faire,

Des soins sont prodigués, vainement ... Les samurais s'agitent dans le dojo, les entrainements s'interrompent ...

Immediatement, des serviteurs arrivent et emportent le corps pour lui administrer des soins sans gêner l'entrainement des autres samuraïs. Après tout, même s'ils ne sont pas fréquents, les accidents à l'entrainement arrivent. Nul ne doit s'en émouvoir. Les serviteurs feront un rapport au daimyo qui statuera.

Une fois le corps emporté, Soyokaze, blème, quitta le dojo pour se rendre devant son Shogun.
Elle entra dans le palais, puis s'agenouilla, front contre le sol, sans un mot, devant son Shogun, attendant que ce dernier prenne la parole

* Au Kyuden Karasu – Devant le Shogun *

Le shogun était comme à son habitude sur la plus haute estrade, trônant au dessus de l'assemblée et maîtrisant d'une main de fer la vie de la cour impériale. Il fit signe à Yatagarasu Soyokaze de se relever mais alors qu'il allait lui adresser quelques mots, un jeune membre du clan Seigikami entre et adresse ses saluts au shopgun, annonçant un cadeau pour l'Empereur. Le shogun sourit et s'adressa tout d'abord à lui.

Puis Il se tourna vers la shuno Yatagarasu.
"Soyokaze-san, on nous a relaté l'accident ayant eu lieu dans le dojo. Nous sommes navrés de ce qui est arrivé et nous vous infligerons une pénitence à la hauteur de votre erreur mais avant de rendre notre décision finale, nous souhaitons entendre l'avis de Seiryoku-san, notre karo qui vous connait bien.

Allez le chercher je vous prie."

Soyokaze sortit immédiatement chercher Seiryoku. Il était toujours au dojo où les entrainements s'intensifiaient encore. Voyant que certains semblaient souffrir de leurs blessures, avec quelques craintes malgré tout, elle se concentra et invoqua la bénédiction et la douceur de son Dragon sur Bakura.

Et son Dragon répondit favorablement. Et c'etait plus rassurée qu'elle recommença une derniere fois sur Bakura, puis sur son Karo.

Kaemon vint ensuite la voir, pour savoir quel était l'état de Katsuo. Malheureusement, elle ne put rien lui dire de plus, elle n'en savait encore rien elle-meme.

Aprés avoir indiqué à son Karo que le Shogun voulait le voir, elle le suivit au palais Impérial. Elle entra dans le palais, et s'agenouilla, front au sol, devant le Shogun, à quelques pas derriere son Karo, laissant son Karo s'entretenir avec son Shogun.

Le shogun écoute les différentes interventions sans rien dire. Son visage est impénétrable comme à son habitude et si la foule des courtisans commente chaque prise de parole à voix basse, nul ne peut dire si ces commérages ont le moindre impact sur Fujiwara.

Un long moment se passe sans que Fujiwara ne bouge un muscle, comme si le maître de l'Empire pensait à autre chose ou qu'il laissait son esprit errer librement puis il s'anime à nouveau. Le shogun pose un regard froid et dur sur la géomancienne avant de prendre la parole.

"Soyokaze-san, vous avez commis une erreur. Une erreur terrible, aux conséquences dramatiques. Vous avez provoqué la mort d'un des jeunes espoirs de votre clan et il n'est ni en notre pouvoir ni en notre envie de vous pardonner. Mais pouvons-nous pour autant parler de crime ? Et si nous faisons ce choix, quel châtiment mérite un tel crime ? Votre karo est magistrat et nous avons confiance en son jugement. Il souhaite vous voir conserver vos responsabilités mais que les sanctions qui vous soient infligées soient néanmoins exemplaires. Mais celà ne suffira pas pour apaiser les mânes de votre victime, fut-elle accidentelle.

La famille de Katsuo a fait le choix d'une inhumation discrète et sans cérémonie ostentatoire. Son urne a été rejoindre celles des héros tombés au service de notre clan. L'accès à ce jardin vous est pour le moment interdit.

Vous allez vous rendre au Temple des 4 Vents sur les terres du clan Saru. Au sein de cette antique bâtisse, vous prierez nuit et jour pour que l'esprit de Yatagarasu Katsuo s'apaise et qu'il vous pardonne car lui seul en a le pouvoir.

A la mi-juillet, une délégation de notre clan accompagnera votre futur époux jusqu'au temple. Si vous n'avez pas obtenu le pardon de Katsuo-kami, alors vous quitterez notre clan et vous deviendrez moine. Vous passerez le reste de votre vie à prier pour acheter votre faute. Mais si vous avez obtenu le pardon de l'âme de Katsuo, alors vous serez mariée, sans le faste et la cérémonie qui étaient prévus. En effet, ce mariage ne peut décemment plus s'effectuer en grandes pompes après ce qu'il s'est passé.

Vous partirez dès que possible, après avoir confié l'enseignement des Géomanciennes à Tsukyio-san et réglé vos affaires courantes au sein de la cité. Vous partirez seule."

Soyokaze, toujours agenouillée, se retira du palais sans un mot, acceptant la décision du Shogun. Rejoignant le dojo, elle passa devant la route qui conduisait aux Jardins en terrasse, Soyokaze pensa à celui qui est là par sa faute ... pourra-t-il jamais lui pardonner ?

Une fois au dojo, elle parla à Tsukyio, lui expliquant qu'elle aurait à s'occuper des autres fusuis maintenant, qu'elle leur enseigne tout ce qu'elle savait, qu'elle les guide. Katsuo étant mort, elle devait partir.

* Au Kyuden Karasu – Départ *

Après avoir laissé son équipement, là où elle allait, elle n'en aurait pas besoin, après avoir donner les instructions à Tsukyio, un dernier regard aux siens, elle s'éloigna. Elle passa à proximié du jardin en Terrasse, regrettant de ne pouvoir y aller... Peut-être plus tard ...

Elle croise sur la route d'anciens compagons d'arme, venus là pour rencontrer le Shogun probablement, des Torayamas, des Seigikamis, et même des Kumas. Elle les salue tous, mais continue sa route, rien ne pourra l'en détourner.

Elle sentit à peine le tremblement de terre, perdue dans ses sombres pensées qu'elle était. Elle salua les Seigikamis présents, Kaemon qui passait par là, et continua sa route vers les bords du lac.
Un Kuma était par là, Soyokaze le salua, puis s'isola. Tandis qu'elle regardait une derniere fois le roc, reprenant des forces pour repartir, elle entendit qu'on l'appella. C'était Kaemon.
"Soyokaze-sama !"

Kaemon rattrappa à grandes enjambées la shuno du clan. Arrivant à sa hauteur, il croise le Kuma, prit le temps de le saluer convenablement. Puis il rejoingnit Soyokaze et s'entretient avec elle à voix basse.
Soyokaze-sama ...

Il n'osait vraiment le demander, aussi hésitait-il.
Vous ont-ils ... ? Que vous ont-ils dit à propos de l'incident ?

Profitant qu'ils étaient seuls, Soyokaze répondit à Kaemon
Katsuo-sama n'a malheureusement pas survecu à ses blessures. Il a été incinéré en petit comité, et son urne repose dans les Jardins, où je n'ai pas eu le droit d'aller ... Si tu pouvais ...

Kaemon eut un geste de recul, n'essayant aucunement de masquer ses émotions. Il pencha la tête de côté, touché par l'annonce.

Soyokaze hésita, pouvait-elle lui demander cela ... Puis elle se lança :
Pourrais tu aller verser pour moi, un verre de saké sur l'urne de Katsuo-sama, en offrande. Je te le demande comme un service ...

Je dois maintenant rejoindre le temple des 4 vents, et prier Katsuo-kami de me pardonner. J'espère que lui le pourra, car moi, je n'y arrive pas ...

Que ne suis-je morte dans cette crypte, tout cela ne serait pas arrivé ...

Soyokaze repartit dans ses pensées ..

Kaemon hocha la tête à la demande du shuno.
Je suis désolé ... autant pour vous que pour Katsuo. Aucun de vous n'a mérité son destin. C'est affreux.

Il laisse un silence passer, cherchant ses mots.
Je ne peux pas non plus m'empêcher de penser que si j'avais frappé moins fort, il n'aurait pas succombé à ses blessures. C'est forcément la violence de mon coup qui vous a déconcentrée, et il n'a pas pu encaisser ces deux aggressions ...

Soyokaze !

Il n'avait pas marqué la déférence, il avait haussé le ton.
Dites à Katsuo que c'était un immense honneur pour moi de l'avoir fait travailler. J'ai longtemps attendu ce jour où je pourrais aider des jeunes hommes comme moi à découvrir les mystères et les arts du sabre.
Vraiment, ce fut un grand honneur pour moi d'avoir enseigné à Yatagarasu Katsuo.

Il la salue bas.
Je ferai ce que vous m'avez demandé. Conseillez-moi un bon sake en ville, j'irai l'acheter et je m'occuperai de l'urne.

Soyokaze sortit une fiole de son furoshiki et la donna à Kaemon.
Merci Kaemon-san,
Tiens, tu videras cette fiole sur son urne pour moi, et ne l'oubliez pas, il ne méritait pas ce qui lui est arrivé, et tu n'y es pour rien. Moi seule ai porté le coup fatal, sans moi, il serait encore parmi nous ...

Si j'arrive à communiquer avec Katsuo-kami, je lui ferai part de ton message.
J'espere te revoir un jour Kaemon-san, prenez soins de vous.

Kaemon accepta le sake, et se redressa sur un visage demoli.
Vos paroles sonnent sinistrement mal, Soyokaze-sama.
Votre disparition serait terrible. Nombre de Fusui ne peuvent se passer de votre présence ... nous non plus.

Il posa un genou à terre et s'inclina bas à nouveau.
Faites bon voyage, prenez bien soin de vous, et surtout revenez-nous en paix. Au-revoir.

Il prenait soin de ne pas regarder son départ, il attendit simplement que ses pas l'emmènent loin, lui offrant une chance de s'en aller dignement.

* Sur la route *

Sans plus se retourner, regardant devant elle, Soyokaze prit la route vers le bois, afin d'y passer la nuit. Elle se mit en seiza, et essaya de faire le vide en elle. Elle comprit que la route serait longue pour y arriver, mais elle devait le faire, avant d'arriver au temple.
Au matin, elle continua sa route vers le milieu des plaines. Elle y rencontra des Torayamas qui lui parlèrent d'un tremblement de terre en territoire Kitsune.

Elle espérait qu'il n'y avait rien de grave, mas rien ne saurait la détourner de sa route, voir Katsuo-kami. Aussi reprit-elle rapidement la route vers le temple des 4 Vents, passant par le col perilleux.
Une fois qu'elle y fut arrivé, elle put sentir les vents, forts par ici, mais aussi les âmes tourmentées. Soyokaze se sentit presque en harmonie avec elles ... En revanche, si son ancêtre avait eu une raison pour tuer ces hommes, elle n'en avait eu aucun, ni raison, ni volonté de la faire ... Alors, pourquoi ? Etait-ce la colère qui l'avait envahie en entendant à nouveau ce qu'avait fait la Yugi ? N'avait-elle pas réussie à s'en débarasser encore ? Elle le devait pourtant... Pour Katsuo-kami...
Pourrait-il reposer en paix s'il n'arrive à lui pardonner ? Mais comment pourrait-il ? N'était-elle pas là pour les protéger, les soigner ?

Une chose était sure, elle devait chasser sa colère, et ce avant d'arriver et ce n'était pas en ces lieux qu'elle pourrait. Aussi continua-t-elle sa route vers les collines boisées.
C'était beaucoup plus calme, plus serein par ici, meme s'il lui manquait le vent ... Elle s'assit sur un rocher, essayant de s'imprégner du calme ambiant : Elle regarda simplement autour d'elle, essayant d'oublier toutes pensées.
Elle passerait la nuit là. Elle entendait bien des loups au loin, mais depuis qu'elle avait vu le Loup Seigikami dans ses visions, elle ne les appréhendait plus. Le Loup ne les avait il pas aidés...
Elle ne dormit pas, juste elle fit le vide en elle, laissant le calme de la nuit l'impregner, l'envahir.
Au matin, avec le soleil, les revinrent et elle reprit la route des Temples.

Elle arriva enfin en terre Saru, à la frontière. Ils la laisserent passer, son mon étant comme un laisser-passer. Elle n'était plus trés loin de l'arrivée maintenant. La premiere fois qu'elle est venue ici, avec Kazan, elle s'était sentie attirer par les lieux, à cause de l'air, des vents probablement. Elle ne savait à l'époque qu'elle y reviendrait dans ces circonstances, pour y rester longtemps, peut-etre pour toujours... Mais elle ne ménagerait pas sa peine pour apaiser l'esprit de Katsuo, qu'il repose en paix ... enfin ...
En arrivant sur le chemin escarpé, elle retrouva avec plaisir le vent, en dépit d'une grand fatigue : la montée était dure jusqu'au temple, d'autant qu'elle ne s'était pas beaucoup reposée au cours de ce voyage. Il lui tardait d'arriver maintenant ... Aussi dès qu'elle fut un peu reposée, à peine, elle repartit vers le temple.

Enfin, elle le vit, ses pas la rapprochaient de lui petit à petit. Elle touchait enfin à la premiere étape de son voyage.
Elle se souvenait de la simplicité des lieux, de la forêt immense autour, et surtout du bruit du vent dans les arbres, comme si le vent lui parlait. Peut-être le faisait-il ...
Dès qu'elle vit le moine Saru, elle s'approcha et s'agenouilla devant lui, le saluant
Konichiwa Saru-sama

Un sourire étire les lèvres du vieil homme qui prenait le soleil devant la porte du temple.
Konnichiwa
Sois la bienvenue en ces lieux. Tu y trouveras paix et tranquilité si c'est ce que tu y cherches.

Doucement, presque pour elle La paix et la tranquillité ... Cela sera-t-il possible un jour...
Puis un peu plus fort
Merci pour votre accueil Saru-sama.
Je vais devoir rester un certain temps dans ce temple, vous pourriez m'indiquer comment cela se passe ?

Au Temple des 4 Vents – Dans les jardins

Le moine saru souriait toujours.
Nous sommes peu nombreux à servir au temple, et avons toujours de la place pour ceux qui désirent y faire retraite un moment.
Suis-moi, je vais te conduire.

Le moine entra dans le Temple. Après s'être incliné rituellement, le moine fit faire le tour du temple à Yatagarasu Soyokaze, jusqu'à l'emmener dans les quartiers d'habitation, après avoir traversé un jardin empli de sérénité.
Vous pourrez rester ici en paix.

Il fit coulisser une cloison révélant une chambre claire et silencieuse.
Le temple n'a aucun serviteur, chaque moine étant affecté aux tâches quotidiennes.

Il sourit, toujours, en jaugeant la jeune femme du regard perçant.
Je suis sûr que le jardin appréciera vos soins quotidiens jeune fille. Soyez la bienvenue au temple.

Soyokaze resta un instant à méditer dans le temple avant de suivre le moine jusque dans sa chambre, simple, mais d'une propreté méticuleuse. Elle le remercia aussitôt
Arigatoo Gozaimasu (merci beaucoup) Saru-sama
C'est beaucoup d'honneur que vous me faites, je n'en mérite pas tant. Et j'essayerai d'être à la hauteur de vos attentes. Ce jardin respire la sérénité...
Si je puis vous être utile en autre chose, n'hésitez pas je vous prie

Le moine Saru s'inclina et retourna à petits pas devant le temple.
Soyokaze, quant à elle, aprés avoir posé son furoshiki, parcourut le jardin, afin d'essayer de voir ce qui devait être fait, un bassin à nettoyer, un buisson à tailler, ou bien du sable à arranger ...

Le jardin était vert en cette fin de printemps. Il prêtait à la rêverie, au recueillement.
Un chemin sinueux le parcourait, permettant au visiteur de s'y promener longuement. Une petite source émergeait dans un bassin de pierre en granit rose, sculpté à la main. On y trouvait à l'interieur trois pierres, une tout en hauteur, une deuxieme en hauteur aussi, mais plus petite, et enfin, la derniere toute plate accueillant les éventuelles grenouilles. A leurs cotés, des fleurs de lotus arrivaient étonnement à pousser ça et là dans le bassin. Peut-être l'ambiance du lieu leur était-elle favorable...

L'eau s'échappait du bassin par un petit tunnel de bambou avant de rejoindre le sol. Un petit pont de pierre permétait au promeneur de passer au dessus. La pierre du pont était la même que celle du bassin, un granit rose; Les deux sont sculptés à la main, dans une harmonie de fleurs, probablement par des moines en prière.
Des pins délimitaient le jardin, laissant apparaitre la forêt derriere. Tandis que de petits cerisiers se partagaient le jardin avec des statues de pierre et de petites pagodes.
Le tout etait harmonieux et appellait profondément à la sérénité

Le temps semblait avoir suspendu son vol dans l'enceinte du Temple des 4 Vents. Le vent d'été souffle doucement, chassant au loin les dernièrs rigueurs d'un printemps tardif. Au loin, l'alouette chante son bonheur d'être vivante tandis que le soleil darde ses rayons chaleureux sur tous ceux qui s'exposent à son regard. Et comment garder en tête de sombres pensées lorsque l'azur infini peut emplir de paix le plus torturé des coeurs ? Peut être est-ce là de la magie ?
Peut être simplement la somme de perceptions purifiées et débarrassées de tout ce qui n'est pas essentiel ?

La somme des questions qui blessaient chaque jour le coeur de Soyokaze tendait à diminuer au fil des heures passées à s'occuper de ce jardin. Bientôt, très bientôt,elle pourra tenter d'en appeler à l'esprit de sa victime, son âme purifiée de cette culpabilité qui pour l'heure la rongeait encore même si elle tombait progressivement en sommeil.

Elle s'efforçait de remplir correctement sa tache, y consacrant toute son attention, s'affranchissant une à une de toutes les chaînes qu'elle avait emporté avec elle. Chaque jour, elle se levait avec une simple idée : embellir le jardin.

Elle ramassait les feuilles tombées, les épines de pins au sol, retirait les fleurs fletries des bosquets.

Un jour, elle s'occupa du bassin, afin de lui retirer toutes les mousses qui essayaient de l'envahir, ainsi qu'aux trois pierres.
La moindre petite trace de mousse était retirée, mise dans un récipient pour être brulée ensuite : rien ne devait ternir le rosé de la pierre, ni les sculptures qu'elle nettoya une par une, se laissant emporter par les motifs qui les composaient, oubliant presque ce qui n'était pas le bassin.
Le lendemain, elle s'occupa du petit pont de pierre qu'elle nettoya, afin de lui enlever toute trace de mousse, sculpture par sculpture ...
Il devait retrouver son éclat, le même que celui du bassin, tout doit rester en harmonie.
Une fois le bassin et le pont impéccables, elle s'occupa de tailler les buissons, leur rendre leurs lignes pures, sans branche qui dépasse. Certains étaient taillés en boule, d'autre en hauteur. Ceux là lui rappellaient le pic rocheux du Kyuden où elle espérait rentrer un jour ... Mais elle chassait ses pensées en pretant d'avantage attention à ces bosquets.

Le soir, elle retrouvait le moine, à l'exterieur du temple. Il était toujours souriant, l'invitant à venir s'asseoir sur le banc à ses cotés.
Il était toujours prét à l'écouter, à la guider discretement vers la voie de la sérénité.
Elle appréciait ces quelques instants entre ces heures de jardinage, laissant le moine tranquille quand il avait de la visite.

Enfin, un jour, elle se recula et admira le résultat, stupéfaite par le travail qu'elle avait pu abattre en quelques jours à peine. Le jardin hier si sauvage était méconnaissable. Tout comme son esprit, il avait été pacifié et ordonné, agencé et il était prêt désormais à recevoir des visites... Un parrallèle intéressant.
Les moines ouvrirent alors grandes les portes du temple, invitant Soyokaze à s'installer près de l'autel afin de pouvoir prier en toute sérennité.

Au Temple des 4 Vents – Longues méditations

Soyokaze entra dans le temple et se mit en seiza devant l'autel Seigikami. N'était-ce pas lui qui les avait aidés, qu'elle avait vu ?
Elle devait l'en remercier, c'est grace à lui s'ils avaient réussi à gagner cette bataille, même si le combat n'était pas terminé. Elle resta de longues heures à le remercier.
Puis le soir arrivant, elle se lèva et rejoignit le moine à l'entrée du temple. Une fois qu'il fut seul, elle s'approcha de lui. Et leur conversation reprit comme si elle ne s'était jamais arretée.

Le moine était assis au soleil, comme à son habitude, un sourire aux lèvres. En la voyant s'approcher il hocha légèrement la tête avant de contempler la nature en silence un moment.
Certaines branches encore jeunes ne portent plus ni feuilles ni fleurs, comme celles que ta main a coupé dans le jardin. Qui de l'arbre, du soleil ou de la pluie en est le responsable ?

[Puis sans attendre une réponse éventuelle.]
Couper ces branches rend à l'arbre force et harmonie. C'est un geste nécessaire et les kamis le savent.

Soyokaze essayait de comprendre le sens des paroles du moine, puis
La branche abattue n'était pas sans feuille... Elle représentait un espoir pour nous. Elle était peut-être celle qui sauvait l'arbre ..

Dans ce cas, peut-être faudrait-il prier pour le repos de son âme. Et comme la loi impériale nous interdit de prier directement les kamis, prier les quatre vents qui sont les saints adorateurs de Nihon, l'Intercesseur Divin.

Aprés avoir médité quemques instants encore prés du moine, Soyokaze rentra dans le temple, et se diriga vers les jardins. Elle fit le tour des bosquets de fleurs, découpa ça et là quelques fleurs, quelques branches de pin, de cerisiers, sans déranger l'arrangement général du jardin.

Puis elle retourna dans le temple avec toutes ses fleurs et feuillages. Elle s'agenouilla tout d'abord devant l'autel de Seigikami-sama. Elle prit une branche de pin, une plus petite fleurie, un pierre de la couleur du loup qu'elle avait vu en rêve et dans sa vision. Elle installe le tout, lentement, telle une méditation, essayant de retrouver une harmonie entre les éléments qu'elle a apportés, le vase qui est devant l'autel, et le "totem" des Seigikami, le loup. Elle cherche à donner au bouquet la silhouette du loup, assis, comme elle l'avait vu la premiere fois, assis et majestueux.

Aprés avoir terminé, elle va devant l'autel de Yugi-sama. Elle ne commençe pas de suite à faire le bouquet. Elle se recueille, essayant d'oublier la crypte, et tout ce qui s'y rapporte. Pour lui, elle fait ensuite un bouquet dans une vasque d'eau, avec trois fleurs de lotus qu'elle avait ramassées dans le bassin. De petits cailloux décoraient le fond de la vasque.

Ensuite, elle se met en seiza devant l'autel Kuma-sama. Elle fit son bouquet essentiellement avec des branches de pins, un bouquet haut, épais. Il représente la puissance massive de l'ours, sur qui on peut compter.

Quand elle termina sa méditation devant l'autel Kuma, elle se mit en seiza devant l'autel Torayama. Elle repensa aussitot aux guerriers Torayama qui avaient combattu à ses cotés dans la crypte, n'hésitant pas à mettre leur vie en danger.
Pour ce dernier vent, elle utilise les branches de cerisiers, et de buissons fleuris. Elle essaye de donner un mouvement à son bouquet, le mouvement du tigre qui bondit littéralement à la tête de son adversaire. Le Karo représentait bien cet animal ...

Cela lui prit la journée pour faire ces bouquets, journée de méditation, chaque branches ceuillies, chaques fleurs coupées avaient été choisies avec soin, dans ce but, faire une offrande à chacun des vents : il fallait donner avant que de demander

Le lendemain, comme la veille, Soyokaze alla dans le jardin ramasser quelques branches, feuilles, fleurs.
Elle entra ensuite dans le temple, s'agenouillant devant l'autel de Seigikami-sama. Elle rafraichit le bouquet avant de le prier longuement.

Puis elle fait de même devant l'autel Yugi-sama, Kuma-sama et enfin Torayama-sama.

Elle pria chacun d'aider l'âme de Katsuo-sama à rejoindre ses ancêtres, de l'accueillir parmi eux.

Elle pria ainsi une partie de la nuit, puis toute la journée. Tandis que l'astre solaire descendait dans sa course, Soyokaze sortit du temple rejoindre le moine. Soyokaze sort du temple et rejoint les moines. Elle reviendrait demain. Et après-demain. Et le jour d'après, tant qu'il le faudra.
Après avoir passé un instant à ses cotés, saluant les Kumas qui étaient arrivés, elle repartit dans les jardins du temple. Elle y médita à la recherche de fleurs : la coupelle de fleurs de lotus au pied de l'autel Yugi est toute belle dans sa simplicité, mais les fleurs doivent être renouvellées. Elle s'approche du bassin. Elle recherche les plus jolies des fleurs. Elle en trouve deux qui sont différentes des autres, plus rosées, comme si elles s'étaient imprégnées de la couleur du bassin. Elle les ramassa, avec une feuille de nénuphars.

Elle entre dans le temple, et vint se mettre en seiza devant l'autel Yugi. En silence, sans se préoccuper des personnes présentes, elle arrange les nouvelles fleurs dans la coupe, puis faisant le vide en elle, médite longuement, espérant que Katsuo lui pardonnera son échec.

Ainsi se déroulait chaque journée selon un rythme qui devint immuable. Mais chaque soir, Soyokaze se relèva sans avoir obtenu de réponse. Et lorsqu'elle veillait une partie de la nuit, seul le vent glacial des montagnes du Nord lui tint compagnie. Les moines se montraient discrets afin de ne pas perturber sa retraite et sa pénitence. Ils respectaient sa souffrance et sa détresse. Mais aucune réponse ne vint...

Au Temple des 4 Vents – Longues méditations


Comme tous les jours, Soyokaze commençait par chercher de nouveaux branchages fleuris. Comme seul le vent du nord lui tenait compagnie, reconnaissante, elle s'occupait de l'autel Torayama maitenant. Et Elle méditait longuement devant Torayama-sama. Il était lui-même un guerrier, il saurait aider Katsuo à trouver la paix de son âme, il saurait le conduire.
Avec ces nouveaux branchages fleuris, elle refit la décoration du bouquet de l'autel Torayama, en essayant toujours de lui donner le mouvement du tigre bondissant.
Puis, en seiza, elle reste là à méditer longuement, ne songeant pas à la nuit tombée, ni à la fraicheur du vent qui l'accompagnait. Elle en avait l'habitude, et le trouvait réconfortant. Elle songeait à Katsuo, qu'il trouve la paix, s'il pouvait saisir sa pensée et ne pas être perdu, ne pas se sentir abandonné. Si Torayama-sama pouvait l'entendre et aider celui à qui elle avait fait, bien involontairement, tant de mal...

Soyokaze ne sortit pas dans le jardin, de toutes façons, le bouquet devant l'autel Torayama est encore impeccable.
Elle ne bougea ni de la nuit ni de la journée, toute entière à ses prières. Le vent du Nord engourdissait par son froid glacial toutes sensations physiques : elle ne sentait plus son corps, son esprit était entièrement tourné vers la prière, vers Katsuo-sama, que Torayama-sama le guide. S'il pouvait lire en son coeur, il saurait que ce n'était pas ce qu'elle avait voulu, que sa colère n'était pas dirigée contre Katsuo-sama, mais contre cette mahotsukai qu'elle avait combattue. Torayama-sama saura conduire un guerrier qui n'avait pas compris ce qu'il lui arrivait ...

Tandis qu'elle priait longuement, elle repensait à ces âmes égarées des Torayamas morts à la frontière avec les terres Ryushin. Guerriers tués eux aussi par une Ryushin...
Elle avait été trés mal à l'aise en passant à cet endroit. Elle ressentait la présence de ces âmes, elle aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour elles ...

Elle releva un instant la tête, regardant l'autel Torayama humblement, mais avec détermination :
Dès qu'elle pourrait quitter ce temple, elle retournerait à la frontière Ryushin, et elle passera du temps à invoquer la bénédiction de son Dragon sur ces âmes afin qu'elles trouvent la paix à leur tour. A moins que Torayama-sama préfere qu'une tornade rammene les cendres de ses soldats sur leur terre. Avec l'aide de son Dragon, avec le soutien et l'accord de Torayama-sama, elle le ferait.

Soyokaze était toujours là, en seiza devant l'autel Torayama, implorant Torayama-sama de venir en aide à Katsuo-sama, le priant, humblement, de l'aider à trouver la paix, afin qu'il puisse rejoindre ses ancêtres.
Elle espèrait qu'il saurait lire en son coeur la sincérité de son repentir, de son remord, mais surtout qu'il aiderait ce guerrier à faire sa route. Lui seul, le plus grand des guerriers, fidèle parmi les fidèles de Nihon-kami, pourra intercéder auprés de Nihon afin d'aider Katsuo-sama, lui parler de son repentir sincère.

Elle ne sent ait plus la morsure du vent du Nord, elle sentait uniquement son souffle autour d'elle, comme s'il l'enveloppait. Elle essayait d'écouter, de comprendre ce qu'il pouvait vouloir lui dire. Mais pour le moment, c'est le vide ...

Torayama-sama, je vous supplie, intercedez auprés de Nihon-kami pour moi. Que Katsuo-sama trouve la paix, la route pour rejoindre ses ancêtres. Qu'il connaisse mes regrets, mes remords.
Je ferais ce qu'il souhaitera, je donnerai ma vie pour cela. Je vous en pries, humblement ...

Les heures, les jours passaient et s'éloignaient et le temple semblait plus que jamais coupé du monde. Soyokaze priait sans relâche, avec une volonté et une sincérité que rien ne semblait pouvoir ébranler. Elle priera jusqu'à obtenir une réponse ou bien jusqu'à sa mort.
De guerre lasse, même un esprit devaitt se résoudre à accepter l'inévitable, non ?

Là ! Oui, peut être... Pendant un instant, l'espace d'un court battement de coeur, comme une silhouette qui aurait surgit dans le coin nord du temple, près de l'autel de Torayama. Assez proche pour être touché par la géomancienne...
Mais déjà disparu. à moins que ce n'ait été qu'une hallucination ? A moins qu'il n'y ait jamais rien eu ? Les esprits des morts sortent-ils du Meido pour parler aux vivants ?

Aucun bruit, comme si la montagne s'était tue elle aussi. Même le vent ne soufflait plus, comme si une chappe de plomb s'était abattue sur le temple.

Au Temple des 4 Vents – Repentence

Rien venu de l'exterieur n'aurait pu perturber les prières de Soyokaze, entierement tournée vers l'autel Torayama. Elle ne se rendait plus compte de ce qu'il se passait autour d'elle. Elle ne percevait plus la présence des moines. Elle ne regardait que l'autel Torayama sans le voir, les pensées, la vision, loin de là, et pourtant si prés, au fond d'elle-même...

Elle ne sentit plus le vent autour d'elle. L'espace d'un court instant, elle n'eut plus l'impression d'être seule, il y avait quelqu'un avec elle. Cela fut furtif, à peine l'impression de s'en rendre compte, de se demander si elle ne revait pas, que tout avait disparu, le vide.

Elle n'entendait plus le vent autour d'elle. Elle sentait juste le froid partir peu à peu, mais elle reste là, immobile à l'écoute.
Et si c'était lui ... cela voudrait dire qu'il n'a pas trouvé sa route ? ou au contraire ...
Elle restait là, immobile devant l'autel Torayama se demandant si elle avait revée, ce que cela voulait dire. A moins qu'elle ne devienne folle ...

Soyokaze était toujours immobile quand un froid glacial s'empara à nouveau d'elle, un froid plus fort encore que celui apporté par le Vent du Nord. Elle était si transie qu'elle ne frissonnait même plus.

Puis elle sentit l'obscurité qui l'entourait soudain la comprimer, comme si elle se retrouvait dans la crypte à nouveau. Mais étrangement, elle n'était pas inquiète. C'était étrange d'ailleurs. Elle n'eut pas le temps de se poser des questions, elle n'était plus seule à présent.
Une lumiere concentrée sur un seul point. Ses yeux étaient attirés vers elle. Et elle Le vit : Il était là devant elle : Katsuo-kami.
Il est apparu, très pâle. Il observait sans mot dire, vêtu de blanc des pieds à la tête. Des pieds ? non... Il n'avait pas de pieds, ses chevilles se noient dans les ténèbres. Une sorte d'aura immanente irradiait de lui, seule source de lumière de la pièce depuis que les braseros se sont noyés dans l'ombre. Il s'avança d'un pas et se tint désormais à moins de trois mètres de Soyokaze, l'observant sans mot dire.

Le temps de le reconnaitre, le temps que son esprit force son propre corps immobile, comme gelé, à bouger, et elle s'inclina devant Lui jusqu'à mettre son front au sol.

N'osant même prononcer son nom, un seul mot sortit de ses lèvres glacées, exprimant tout ce qu'elle ressentait, les regrets, les remords.

-- Pardon --

Soyokaze restait toujours front contre le sol. Elle n'a qu'une chose à dire, à demander, le Pardon.
Elle ne le demandait pas uniquement pour elle, mais pour Lui, Katsuo, afin qu'il trouve lui même la paix, et la route pour rejoindre ses ancetres.

Katsuo-sama, pardon pour ce que j'ai fait. Je sais que je n'ai aucune excuse pour cela. Ce n'était pas ce que je voulais...

Repensant à ce qu'elle avait fait, voir Katsuo ainsi, réveilla sa douleur. Elle qui préferait soigner les siens, veiller sur eux plus que tout. Elle donnerait sa vie pour son clan
Si vous pouviez lire en moi, vous saurez que je ne voulais que vous soigner comme je l'avais fait auparavant. Et comme j'aurai voulu le faire ensuite.
Je vous en prie, pardonnez-moi Katsuo-sama, je vous en prie ....

Toujours à genoux, avec difficulté, elle releva le buste, et le regarda humblement. Elle ne voulait pas l'offenser, mais qu'il puisse lire dans ses yeux, en son coeur, qu'il puisse voir qu'elle était sincère. Elle attendait maintenant, toujours à l'écoute

Au Temple des 4 Vents – Le Marché

Le silence règnait dans le Temple des 4 Vents. Soyokaze et Katsuo étaient toujours seuls, l'une faite de chair et l'autre pur esprit. L'endroit n'avait aucune importance, l'instant semblait se prolonger à l'infini.
Un lien se formait entre les deux êtres, un lien qui existait déjà mais qui se renforçait de seconde en seconde.
On entendait comme un bruissement diffus et pourtant familier, du sable ? Oui, comme un sablier géant qui se déverserait continuellement, égrennant chaque instant d'une existence jusqu'à sa fin proche ou lointaine. Un bruit que Soyokaze n'avait jamais perçu, jamais remarqué mais qui au final a toujours été présent dans un recoin caché de son inconscient, elle en était maintenant certaine.

Et cette présence qui se faisait palpable, une présence incroyablement puissance mais qui ne prenait pas de forme, une présence si réelle qu'elle en écrasait l'ombre et la mortelle dans leur insignifiante existance. L'ombre d'une chose ou d'un être d'une puissance phénoménale.

UNE VIE POUR UNE AUTRE. TOI QUI ENTRE SUR MON DOMAINE ET TE SOUMETS A MA LOI,
FAIS A PRESENT TON CHOIX. UNE EXISTENCE POUR UNE AUTRE, TELLE EST MA LOI.
SI TU OFFRES LA TIENNE, ALORS KATSUO SERA LIBRE.

Le silence revint, résonnant encore de l'echo des mots prononcés...

Soyokaze attendait une réponse, depuis des jours. Mais quand elle vint, elle ne comprit pas d'où elle venait...
Mais sa réponse était prête, prête depuis longtemps

Il n'y a qu'un seul choix possible, celui qui liberera Katsuo-sama, c'est pour cela que je suis là. Quel qu'en soit le coût...

Au Temple des 4 Vents – Pardon et Paix retrouvée


Tandis que Soyokaze acceptait de donner sa vie pour que Katsuo puisse reprendre le cours de la sienne, ce dernier s'avança et tendit la main jusqu'à effleurer le front de la géomancienne. Il souriait.

Non Soyakaze, non. Je refuse ce sacrifice. De nous deux, vous êtes la plus puissante, la plus compétente, la plus digne et la plus apte à servir le clan Yatagarasu.

Mon âme était en peine, perdue, errante mais grâce à vos prières, j'ai trouvé le chemin du Meido et maintenant, Genma-O m'ouvre les portes de son royaume. C'est une grande chance et je veux la saisir. Je veux affronter l'inconnu et découvrir ce qu'il y a au-delà des portes du Ningen-Do.

Et je veux que vous me fassiez deux promesses, Soyokaze-san. Je veux que vous promettiez de mettre toute votre ardeur et toute votre vigueur à servir de votre mieux notre clan. Et je veux qu'une fois par an, vous veniez verser un peu de saké dans ce jardin où reposent mes cendres, afin de vous rappeler de moi et de votre première promesse.

Et tandis que les mots de Katsuo s'effaçaient, les ombres se dissipaient. L'âme errante devint peu à peu moins tangible, transparente et finit par disparaître complètement tandis que l'étrange présence disparaissait elle aussi.

Juste avant qu'il ne parte, Soyokaze s'inclina front contre le sol et lui fit la promesse demandée**

Katsuo-kami, vous pouvez compter sur moi pour les deux promesses. Vous êtes en mon coeur, et je ne vous oublierai jamais. Votre place y est gravée. Mais j'irais vous saluer aussi souvent que je le pourrais.
Je vous souhaite un bon voyage pour votre nouvelle route.

Un battement de cil plus tard, les bruits du monde réel règnent à nouveau et le rougeoiement du soleil couchant sur les montagnes nimbe de nouveau le temple d'un manteau écarlate...

Soyokaze ouvrit les yeux, se redressa. Elle vit que les bouquets placés dans la coupelle devant l'autel Torayama étaient flétris.
Elle se leva avec difficultés, l'immobilité des derniers jours se faisant sentir. Elle jetta un coup d'oeil sur les différents bouquets placés devant les autels. Elle se rendit compte que cela fait longtemps qu'elle était coupée du temps.
Puis à petits pas, elle se dirigea vers les jardins rechercher de nouvelles fleurs, sans déranger les méditations des personnes présentes.

Maitenant, elle pouvait attendre sereinement Kazan, elle savait qu'elle rentrerait chez eux